Du paysan à l’artisan

ou le développement du quartier de la Tronche

 

Essentiellement agricole à son origine, Saint-Sauveur était dans une situation d’autarcie paysanne complète au 12ème siècle. Le cultivateur construisait lui-même sa cabane sur une « tenure » que le seigneur commandeur lui louait moyennant une part plus ou moins importante de ses récoltes et de son cheptel. Il va fabriquer ses outils pour cultiver son lopin de terre, tailler sa meule pour écraser le grain, construire son four pour cuire son pain…etc.…En dehors de cette production destinée à satisfaire ses besoins et ceux de sa famille, il doit en plus fournir au seigneur, des journées de corvées et quelques fois guerroyer à ses cotés pour repousser les pillards ou envahisseurs voisins…

 

Pour se nourrir, s’habiller, acheter les graines à semer et surtout pour payer leurs impôts, il ne reste plus à nos pauvres laboureurs qu’à « emprunter ». Nous voyons alors arriver nombre de notables de Saint-Marcellin, prêts à avancer le sac de blé ou les quelques pièces d’argent qui permettront d’attendre une prochaine et hypothétique meilleure récolte… L’heure du remboursement arrive ! de nouveau une mauvaise récolte ou un passage de soldats et les dettes s’accumulent. Au printemps suivant il faut de nouveau emprunter pour joindre les deux bouts…Arrive alors le moment ou l’emprunteur ne peut plus rembourser et sera forcé de vendre ses parcelles de terre, son cheptel et même parfois sa maison pour une bouchée de pain ! Les plus « chanceux » pourront rester sur place en louant la maison qu’ils viennent de vendre et deviendront les grangers ou métayers du nouveau maître. Les autres, pour survivre, prendront la route et nous les retrouvons domestiques ou journaliers dans les grands domaines qui se sont ainsi constitués..

La construction puis l’ouverture de la route royale Valence / Grenoble en 1765 (future R.N.92), va bouleverser la vie de la commune et en particulier donner un essor considérable au quartier de la Tronche. Cette nouvelle voie va en effet permettre l’implantation de nombreuses constructions de chaque coté de la rue et attirer toute une population active tournée principalement vers l’artisanat et le commerce. Venus de nos campagnes, ces artisans trouvaient là des revenus que l’agriculture ne pouvait plus leur fournir : l’atelier devenait le remède à la surpopulation et à la pauvreté du monde paysan. La proximité de la grande cité voisine Saint-Marcellin, va être le principal atout du développement de ce commerce local.

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